la Garde des Dragons Noirs
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 Catharsis

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Heliodore
Francisque-à-Brèles
Heliodore


Nombre de messages : 402
Date d'inscription : 17/01/2010

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MessageSujet: Catharsis   Catharsis EmptyJeu 27 Sep 2012 - 16:56

« Bon sang ! Où s'est-elle de nouveau glissée ? » Héliodore était fortement agacée de ne pas trouver la bourse d'épices dont elle avait besoin pour assaisonner à son goût le repas du soir. Cette bourse, naguère bien remplie, n'était maintenant pas plus épaisse que le cuir dont elle était constituée. Et ainsi, elle trouvait toujours moyen de se prendre dans les replis du grand sac de la petite ménestrel. Il faudrait qu'elle la remplisse de nouveau songeait-elle, mais dans cette région bien loin de la Comté, difficile de trouver les herbes et épices dont elle était friande. Alors elle faisait durer le peu qu'il lui restait en l'utilisant avec parcimonie mais, elle savait bien qu'un jour prochain, elle n'en n'aurait plus du tout.
Au moment où elle allait vraiment perdre patience sa main se referma sur l'objet ardemment convoité, et c'est avec un profond soulagement qu'elle le sorti du sac. Mais quelque chose d'autre sortit également, accroché à lui. Héliodore resta un instant interdite en regardant la broche qui était venu avec la bourse. Elle la décrocha et se rapprocha de la lumière du feu de camp pour la contempler. La broche était en métal, noire et patinée par le temps. Elle représentait fidèlement un rapace de profil, bec, ailes et serres ouverts dans une posture menaçante. Un rubis semble-t-il avait été utilisé pour l’œil. Le fermoir était curieux. Apparemment la broche faisait partie d'un bijou plus gros. Et elle en avait de nombreuse fois été séparée d'après les traces d'usure. Héliodore chercha dans ses souvenirs où elle avait bien pu trouver une telle broche, mais sans succès. Elle reporta alors son attention sur cet œil rouge qui reflétait les flammes dansantes du feu. Un sentiment étrange montait en elle. Un morceau de bois craqua dans le silence de la nuit.

« Tu comptes allez jusqu'où comme ça ? » La question avait été posée d'une voix douce mais on sentait derrière une profonde amertume.
« Qui est là ? » Héliodore se redressa vivement. Elle chercha des yeux la personne qui s'était approchée sans bruit de son campement et l'avait apostrophée.
« Tu devrais le savoir pourtant. Ou cela fait partie des choses que tu as... « oubliées » ? » Un coup de fouet n'aurait pas été plus cinglant. Elle percevait distinctement la voix, mais ne pouvait déterminer sa provenance malgré ses regards autour d'elle. Elle dégaina en tremblant sa dague, tenant toujours de l'autre main la broche.
« Montrez-vous ! Sortez de l'ombre si vous en avez le courage ! Cria la petite hobbitte à la nuit.
- Ah ? Parce qu'il t'en reste encore ? » La mystérieuse voix se mit à rire. Un rire féminin très mélodieux et étrangement familier. « Comment pourrais-je sortir de l'ombre où TU m'as enfermée ? 
- Quoi ? Je ne comprends pas ! » Héliodore était abasourdie. Au loin, le hurlement d'un loup se fit entendre.
« C'est pourtant évident ! Cherche au plus profond de toi. Tu m'y trouveras. Si, bien sûr, tu te souviens encore... du chemin. » Ce dernier mot semblait renfermer un secret menaçant.
« Arrêtez ! Allez-vous en ! Laissez-moi en paix ! » Hurla la ménestrel. Ses mains se crispèrent sur le manche de la dague et sur la broche, lui entaillant la paume tellement elle la serrait. Elle cherchait toujours des yeux où se tenait celle qui la tourmentait. Quelque chose apparut lentement à côté du foyer. Héliodore s'effondra sur les genoux quand elle reconnu la personne qui se tenait devant elle. « Non ! Ce n'est pas possible ! » Celle qui s'était matérialisée semblait tout aussi surprise de ce fait.
« Oui, cela ne devrait pas être possible normalement. Je suppose que la magie a été altérée. On ne l'avait jamais utilisée ainsi non plus. » Héliodore ouvrit la main que pointait l'autre, et regarda incrédule la broche que son sang maculait. Elle reporta son attention sur l'autre hobbite qui la toisait de toute sa hauteur. « Pourquoi avoir pris mon apparence ? Qui es-tu donc ? » demanda-t-elle vivement, très mal à l'aise.
« Comment peut-on se fuir à ce point ? » L'Autre semblait peinée. « Puisque que tu refuses toujours de te l'avouer je vais consentir à te le dire. Je suis la partie de toi même que tu as refoulée. Tout ce que tu es mais que tu rejettes s'est cristallisé en ce que je suis actuellement. Mais je reconnais que je ne devrais pas en avoir à ce point conscience, ni avoir cette forme plus ou moins spectrale. » L'objet sur lequel elle s’assît alors, en croisant les bras, resta invisible. La révélation coupa le souffle de la ménestrel. La dague tomba au sol avec un bruit mat.
« Ce n'est pas possible ! Je deviens folle !  gémit-elle.
- Non, tu n'es pas folle. Encore que ce serait une nouvelle occasion de fuir ce que tu refuses obstinément d'affronter. » L'Autre restait implacable.
« Pourquoi affirmes-tu que je fuis ?  rétorqua faiblement la petite hobbite.
- Parce que c'est ce que tu fais depuis le début ! Regarde les choses en face ! Tu verras que cette attitude ne mène nulle part. » Les reflets du feu dans les yeux de l'Autre accentuaient son aspect surnaturel.
« Non, je ne fuis pas. Je fais partie de la Garde des Dragons Noirs ! » Héliodore essayait de reprendre contenance face à celle qui la jugeait.
« Et où sont-ils les membres de cette garde ? Je n'en vois pas un seul avec toi, ici. Que peut bien rechercher un ménestrel qui s'enferme ainsi dans la solitude ? » La question fit se recroqueviller l'intéressée.
« Ils ne pouvaient pas venir avec moi, ils avaient des missions plus urgentes à accomplir. Je ne sais pas où ils sont, murmura t-elle.
- Dis plutôt que tu ne leur as pas proposé ton aide, à défaut de la demander pour toi même quand tu le pouvais. Tu auras beau essayer de donner le change à tout le monde par tes mensonges, au final tu es la seule à y croire encore. Combien de temps vas-tu encore te mentir à ce point ? Tu finiras par te retrouver seule si tu continue dans cette voie. » La douceur à présent de la voix de l'Autre transperça Héliodore de part en part.
« Je le suis déjà... Seule... » Héliodore était au bord des larmes.
« Non, c'est faux ! Tu repousses tout ceux qui sont encore autour de toi et te tendent la main. Tu les repousses tellement loin qu'ils ne savent plus comment t'atteindre. Que t'apporte cette attitude mortifère ? Pourquoi t'en veux-tu tellement ?» Encore une fois la réplique fila droit au cœur de la ménestrel.
« Tu le sais très bien... si tu incarnes bien ce que tu dis, hoqueta-t-elle.
- Mais je veux l'entendre de ta propre bouche, la contra immédiatement l'Autre. Tu as mis sur le feu un chaudron sur lequel tu as posé un très lourd couvercle. Son contenu bout depuis bien trop longtemps et menace à présent de le faire sauter. Et quand il sautera, tu seras balayée par tout ce que tu y avais enfermé. Ce n'est pas la folie qui t'attend, mais le néant. Tu ne seras plus qu'une coquille vide. Et je doute que ton corps ne résiste à un pareil effondrement. »
Ses propos ébranlèrent une nouvelle fois la ménestrel. La douleur frappait à grands coups de boutoir ce cœur qu'elle croyait avoir rendu insensible. Un abîme semblait s'ouvrir sous ses pieds. Elle pouvait y basculer à tout moment. De violents tremblements la saisirent. Les larmes, si longtemps retenues, se mirent à couler le long des joues déjà rouges d'Héliodore. Le long silence qui s'installa n'était perturbé que par ses sanglots. L'Autre continuait de l'observer mais avait interrompu, pour le moment, son réquisitoire. Elle changea de position sur son invisible siège quand les tremblements commencèrent à s'estomper.
« Je suis sincèrement navrée de devoir t'infliger pareil traitement mais, n'oublie pas que je suis aussi une partie de toi. Et ton fort instinct de conservation refuse de céder à ce penchant autodestructeur qui t'anime. Franchement, reconnais que certaines décisions que tu as prises étaient motivées par un désir purement suicidaire. Les plus flagrantes étaient en Forêt Noire et dernièrement dans le Rohan. Et tu t'en es à chaque fois sortie vivante, preuve que c'est bien la vie que tu choisis en définitive, non ? » La chaleur présente dans la voix de l'Autre réchauffa un peu l'âme brisée d'Héliodore qui acquiesça faiblement. Pour la première fois le visage impassible de l'Autre afficha un sourire. « Bien. Nous venons de faire un premier pas. Ce n'était pas le plus dur mais il fallait le faire. Tu as besoin de te libérer de ce fardeau, et je vais t'aider. »

La voix d'Héliodore s'éleva telle une litanie dans la nuit. Elle exprima longuement les doutes qui la tourmentaient. Ce qu'elle avait dit, fait, ou aurait dû, à la Garde et avant cela. Toute cette culpabilité qui la rongeait au plus profond d'elle-même remontait à la surface par vagues successives. Cette marée boueuse s'abattait sur les digues qu'elle avait érigées et, des brèches qui s'ouvraient, s'écoulait lentement. La voix de l'Autre, pleine de compassion, l'encourageait, la soutenait dans cette mise à nue. « Comment peut-on garder pour soit de tels sentiments si longtemps ? Dit-elle doucement au bout d'un moment. Mais ils sont probablement liés à ce que tu n'as toujours pas évoqué. Cette lourde pierre qui t'entraîne par le fond et dont tu dois te libérer pour pouvoir refaire surface.
- Non... Je ne peux pas... C'est au-dessus de mes forces. » dit Héliodore d'une voix rauque. Elle avait l'impression d'avoir été écartelée avant d'être piétinée, puis transpercée par une centaine de lames. Assise, le dos appuyé contre la selle de sa monture elle ne pensait pas que son corps pouvait contenir autant de larmes. Elle en avait trempé le devant de sa veste. Elle n'avait plus un seul mouchoir propre. Elle était très lasse, malgré le soulagement de la confession. Décroisant les bras l'Autre se leva de son siège invisible, se rapprocha d'Héliodore et s’agenouilla à ses côtés. On pouvait deviner ce qui se trouvait derrière ce corps qui n'avait pas vraiment d'existence réelle. Une main se posa sur celle de la ménestrel qui tenait toujours la broche. Héliodore, tournant la tête pour lui faire face, perçut une sorte de chaleur irradiant sa paume. « Elle t'aimait, tu le sais bien. Et elle serait triste de savoir ce que tu t'infliges. Pose ce fardeau dont tu t'es chargé, tu l'as suffisamment porté. » murmura l'Autre, les yeux remplis d'amour rivés à ceux bouffis par les larmes de la ménestrel. Quelque part dans le cœur de cette dernière un craquement, comme un verre en cristal qui se brise, retentit.
« Iris...Ma cousine... » croassa-t-elle. Et une vanne s'ouvrit libérant un nouveau torrent d'émotions qui l'engloutit. Quand elle reprit le contrôle de son corps, elle attendit quelques minutes avant de s'exprimer lentement. « Je n'ai pas su lui dire que je l'aimais alors que j'en avais l'occasion. Je savais à ce moment qu'elle allait disparaître, elle aussi sûrement. Je me suis enfui au lieu de rester auprès d'elle.
- Et tu culpabilises pour cela. Mais pourquoi avoir fermé ainsi ton cœur ? En refusant de laisser s'exprimer cet amour, tu as empêché qu'un autre vienne prendre sa place et t'apaise.
- Cela faisait trop mal. J'avais peur de m'attacher à une autre personne et risquer de souffrir encore une fois. Et j'ai vue depuis tellement de gens que j'appréciais mourir, que je préfère garder le plus de distance entre ceux qui restent encore et moi. » Héliodore fit la grimace et l'Autre soupira.
« Cette méthode ne fonctionne pas, bien au contraire. Tu te fais encore plus de mal, tu le vois bien ? La mort fait partie de la vie, il faut l'accepter.
- Cette souffrance est vraiment trop insupportable ! Protesta la ménestrel.
- Parce que tu la gardes avec toi au lieu de la laisser s'en aller. Tu empêches tes amis et tes proches de te soutenir, de partager avec toi cette douleur pour la remplacer par leur amour. Accepte cet amour que l'on te donne, c'est l'essence même de la vie.
- Tu sais très bien que j'ai toujours eu du mal à exprimer mes sentiments, coupa Héliodore.
- Lors d'une discussion peut-être, mais quand tu chantes ? Pourquoi crois-tu que l'on t'a poussée à être ménestrel ? Pas seulement parce que tu chantes juste et as une bonne oreille. Tu as un don merveilleux. Sers-t'en, répondit malicieusement l'Autre.
- Quel don ? » Héliodore était intriguée.
« Tu as la possibilité de toucher profondément les gens quand tu chantes de tout ton cœur. Tu as maintenant un bon répertoire, tu peux y faire passer toutes tes émotions. Et tu peux créer de nouveaux chants si ça t'arrange. » L'Autre lui fit un clin d’œil. « Mais tu ne te sers plus de cette aptitude alors que tu l'avais déjà utilisée, souviens-toi.
- Avec Iris. » Une ombre passa dans le regard de la ménestrel. « J'avais remarqué que mes chants semblaient lui redonner vie. Mais j'avais beau chanter, à la fin cela ne semblait plus fonctionner. »
- Tu n'y pouvais rien, mais tu l'as énormément soulagée. Ne te témoignait-elle pas de la reconnaissance à chacune de tes visites ? Fais la paix avec toi-même, tu ne lui as peut être pas exprimé ton amour avec tes mots, mais tu le lui as transmis par tes chants toutes les fois que tu lui as rendu visite. » Un profond soupir secoua la petite hobbite qui demanda faiblement : « Suis-je encore capable de chanter comme ça ? » L'Autre la regarda tendrement.
« Je ne serais pas assise a côté de toi en ce moment si tu ne le pouvais pas. Je ne devais être qu'une toute petite voix dans ta tête essayant de te guider par autosuggestion. Mais toute cette puissance que tu réprimes, et un petit coup de pouce, m'ont fait prendre corps devant toi. C'est une sensation curieuse mais pas désagréable. »L'Autre gloussa avant de reprendre. « Laisse ton chagrin sur le bord du chemin, ouvre ton cœur au monde. Utilise l'amour que l'on te donne et redonne-le, amplifié par tes chants. Tu verras, ça marchera. Et plus jamais tu ne seras seule face à la souffrance. » Encore une fois Héliodore semblait percevoir de la chaleur se dégageant de la main de l'Autre qui recouvrait la sienne.

L'aube naissante rendait les contours de l'Autre de plus en plus indistincts. La fatigue de l'épreuve terrassait Héliodore qui sombrait peu à peu dans un sommeil réparateur. « Je ne veux pas que tu partes, reste avec moi, murmura-t-elle en fermant les yeux.
« Je serai toujours auprès de toi. Dors maintenant ! Nous allons y arriver, ensemble. » L'Autre serra Héliodore dans ses bras immatériels juste avant de disparaître, au moment où la broche tomba sur le sol. Ce cadeau que Galadriel avait remis à la ménestrel, lors de sa première rencontre, aurait pu l'aider à ce moment là. Mais elle n'y avait prêté attention. Le destin semblait avoir choisi un autre moment pour lui révéler le pouvoir de la broche. Certes pas vraiment comme il devait l'être, mais comme on dit, c'est le résultat qui compte, non ?

[HRP]

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