Le soleil était déjà haut au moment du réveil, le chant des rossignols comme musique. Creenshaw Sombrecorbeau souriait en observant la lueur s’infiltrer au travers des volets, il se mit à rire tout seul avant d’étendre ses bras dans le grand lit vide.
« Elle est déjà levée, c’est pas croyable… Je suis sûr qu’elle ne dort pas beaucoup en ce moment, certainement à faire quelque chose dans l’ombre encore. Mais bon, je ne vais pas me plaindre ! Pour une fois que je peux dormir sans guetter la venue d’un intrus, je ne vais pas me priver. »
Le corbeau observa l’anneau d’or sur l’annulaire de sa main droite, le tout en silence.
« Et bien, il est loin le temps où je m’étais juré de ne plus jamais me marier à nouveau… Sacré bout de femme quand même ! Quand j’y repense, c’est pas croyable ! Il lui a suffit de me faire du charme et j’ai mordu à l’hameçon… »
Jouant de ses doigts avec l’anneau, il continua de sourire plus tendrement.
« Mon nounours… Qu’est ce que je n’aime pas quand elle m’appelle comme ça ! Ah ! Il en a perdu du charme, le corbeau… Mais bon, quand j’y repense… Je n’arrive pas à lui refuser quoi que ce soit à cette femme, rien que la voir me suffit à être heureux… Et à vouloir la rendre heureuse. »
Se tournant, il respira l’odeur des draps à côté de lui d’une longue inspiration.
« Son odeur… Quand je pense que j’arrive à m’en souvenir même sur le champ de bataille. Je l’ai dans la peau… Mon dieu, j’ai l’impression de parler comme une femme ! Ah ! Be-Lan-Wyn… Trois syllabes qui me rendent fou… »
Se redressant, l’homme s’installa sur le rebord du lit en grimaçant, certainement un peu triste.
« Bon, c’est pas tout de repenser à ça mais je dois me préparer… La dernière fois… Dol Guldur… Non, j’ai promis de ne plus y penser… Putain non ! Je ne dois plus y penser ! Depuis, il y a eu le mariage… C’est passé tout ça ! Et puis, ce n’est qu’une patrouille dans la Moria… »
Ne trouvant guère plus le sourire, Creenshaw s’étira en grand, nu comme un ver et se dirigea vers la petite bassine d’eau posée à côté de ses affaires. Douce attention de son épouse.
« Et dire qu’à chaque fois, je lui promets que c’est la dernière fois que je pars… Je le vois bien qu’elle est triste, même si elle me le cache. Que doit-elle penser ? A vrai dire, je pense qu’elle doit compenser par autre chose… Il n’y a qu’à voir les impacts de flèches ou les coups d’épées . »
Alors qu’il saisissait sa tunique pour s’habiller, le placard à proximité s’ouvrit soudainement avec violence. Un des portes du meuble le percuta à l’épaule par surprise, lui faisant pour le coup perdre l’équilibre. Par chance, il tomba lourdement dans le lit ! L’assaillant l’avait bien eu, il ne lui restait plus qu’à enfoncer son poignard pour accomplir son méfait… Mais pourquoi donc riait il ?
« Alors mon gros nounours, on se fait surprendre ? »
Belanwyn se trouvait face à lui, victorieuse suite à son embuscade. Son sourire malicieux lui allait si bien ! Et profitant de voir son homme immobilisé, elle lui sauta dessus en riant.
« Voilà pourquoi je l’aime cette femme… Ma Tornade… C’est avec toi que j’ai envie de finir mes vieux jours… Si j'ai la chance d'en avoir… »
Le corbeau souriait, silencieux tandis qu’il observait sa femme droit dans les yeux. Peut être espérait il qu’elle devine ses pensées à travers eux ? La jeune femme vint l’embrasser avec entrain, oui, elle l’avait peut être compris…